#Edito

Urgence climatique : Les écologistes sont en échec et ils vont devoir se repenser…

#Edito

Il est temps de faire un peu d’introspection pour les défenseurs de la cause écologique et démontrer que désormais, aux côtés des boomers, des gouvernements et des industriels, ils ont échoué. Et que cette faillite intellectuelle et sociétale est aussi la leur… 

 

Par Gaël Clouzard

 

Lors d’une conférence au Churchill College de Cambridge, l’auteur et co-directeur du Climate Majority Project, Ruper Read « balance » devant un parterre  d’étudiants venus l’écouter : « Vos dirigeants vous ont trahi. Vos gouvernements vous ont trahi. Vos parents qui vous aiment et leur génération vous ont trahi. Vos professeurs, malgré les meilleures intentions, vous ont trahi… et moi aussi je vous ai trahi. »… D’accord ou pas avec ses mots, Ruper Read met les mots là où ça fait mal. Il accepte sa responsabilité, pointe du doigts les décideurs et surtout entre-ouvre la porte avec ce geste aux défenseurs de l’écologie pour qu’ils puissent reconnaître qu’ils font partis du problème et pas uniquement de la solution…

 

Reconnaître…

Les militants écologistes peuvent-ils faire acte de contritions ? Admettre que ces porteurs de la flamme écologique sont en échec ? Que même les actions d’Extinction Rebellion, de Greenpeace ou des médias comme Reporterre ou BonPote, ne se sont pas traduits par un changement de politique ou une trajectoire plus saine. Que l’opinion publique n’a pas été convaincue par des activistes pleins de bonne volonté, dont le constat est implacable mais incapables de fédérer la masse. Des militants tellement obsédés et persuadés d’avoir raison ( et c’est vrai ) et surtout de gagner la partie qu’ils ne se sont pas donnés la peine de convaincre, pensant que contraindre sous la peur allait suffire. Bah c’est loupé… Et c’est souvent un parallèle qui est fait avec les anti-ivg, qui sont tellement persuadés, limite mystique, d’avoir raison qu’ils en deviennent méprisants avec ceux qui ne pensent pas comme eux. 

 

Les mots sont des actes. 

Admettre, avec une émotion cohérente, que nous sommes en plein milieu d’un échec historique qui nous concerne tous, est la chose la plus puissante que nous puissions faire. Passer du discours « Oui, nous pouvons » à un discours « Pouvons-nous simplement faire face à l’ampleur de notre échec et reconnaître où nous en sommes réellement ? » pourrait ressembler à un abandon.  Mais c’est tout le contraire d’un abandon. C’est une transition. Une nouvelle étape pleine d’énergie qui pourrait donner un second souffle au plus grand défi lancé à l’humanité.

Imaginez Greenpeace ou Dernière rénovation en train de faire cela, plutôt que de prétendre qu’elles peuvent encore gagner avec leur positionnement. Imaginez Just Stop Oil, Europe Ecologie les Verts et tous les militants reconnaître que l’écologie n’est pas une idéologie mais une science. Que leur positionnement et leur stratégie politique et sociale sont clivants et séparent les sociétés.

Le grand discernement des mouvements écologiques, c’est d’admettre leur impuissance à résoudre la crise climatique. Lorsqu’ils atteindront cette authenticité, nous pourrons entamer un nouveau chapitre. Faire corps avec l’opinion publique qui n’est pas la rue et voir la situation sous un nouveau jour. Cela pourrait être une étonnante résonance avec la vérité – et porteuse d’un renouveau plein d’espoir. Les citoyens ne pourront alors plus déléguer la responsabilité de résoudre l’urgence climatique. Ils devront aussi y faire face et accepter que c’est aussi leur combat.

L’énorme opportunité offerte à l’humanité par la Covid a été mal gérée. Une fois regardé dans le rétro, il est désormais temps de prendre au sérieux l’adaptation et la préparation car comme les plus grands climatologues du monde l’ont admis en 2024, nos espoirs de prévenir ou d’atténuer suffisamment le changement climatique doivent désormais être admis comme étant caduque.

Le paradoxe extraordinaire est le suivant : c’est seulement une fois que nous admettons que certains de nos espoirs sont morts que nous pouvons générer un nouvel espoir , un espoir crédible ou l’unisson est de mise.

Alors nous deviendrons plus puissants et au-delà de ce que nous pourrions imaginer…

 

Écrit par

Gaël Clouzard