Depuis plusieurs semaines, les agriculteurs expriment leur désarroi sur la situation actuelle de l’agriculture française et européenne. Les engins agricoles sont de sortie, les manifestations se durcissent et le mouvement prend de l’ampleur avec, à l’origine, cette opération créative et télégénique des panneaux des villes retournés pour exprimer que l’on marche sur la tête.
La colère des agriculteurs est pour l'instant regardée avec mansuétude par l'exécutif qui a multiplié les tentatives d'apaisement. A tort ou à raison, le gouvernement refuse de hausser le ton contre le monde agricole. Et c’est tant mieux ! Ne pas surenchérir et surtout apaiser les débats. Au même titre que les manifestations et interventions des militants écologistes, tant qu’elles ne dépassent pas une certaine limite sont aussi tolérées. Autant par le gouvernement que par les forces de l’ordre.
Car oui, les écologistes et les agriculteurs conventionnels, que l’on pourrait scinder en deux entités : la confédération paysanne et les militants d’un côté et la FNSEA, sont loin d’être en accord sur la transition écologique ainsi que la production de nos aliments de base. Mais ils partagent un point en commun. Une tolérance de l'État envers leurs modes de protestations. Et il y a ici un angle d’attaque à exploiter pour faire avancer le schmilblick. Les deux clans sont victimes, tout comme nous tous, du réchauffement du climat et les deux clans ont besoin d’une transformation économique et structurelle performante et en accord avec les enjeux climatiques.
Il n’est plus acceptable de cliver les débats et de vouloir imposer ses choix et ses dogmes. Si le pouvoir en place accepte les manifestations et tous types de protestations sans user de la loi à outrance, c’est qu’il existe une convergence indéniable dans les combats et les revendications des agriculteurs et des écologistes.
Il serait bon de faire des concessions, de continuer à communiquer, échanger et trouver les points communs pour en faire une lutte commune. Évidemment, c’est compliqué. Mais cela est sûrement une stratégie qui ne peut que obliger les gouvernements et l’Union Européenne à revoir en profondeur la mécanique économique et sociale aujourd’hui complètement enrayé. Courage…
Par Gaël Clouzard