J’ai toujours eu l’intime conviction que l’évolution notable de nos sociétés passe par l’éradication de toutes formes de corruptions, d’escroqueries ou de fraudes massives. Les différents scandales financiers comme celui autour de la fraude à la TVA sur la bourse du carbone, plus communément appelé la fraude à la taxe carbone, est symptomatique du dysfonctionnement général et de la porosité de notre système face aux arnaques en tout genre.
Je me rappelle aussi avoir toujours eu du mal face à ces artistes issus du rap, des médias et autres vanter l’image des pires ordures du cinéma comme Tony Montana, le personnage principal de Scarface. Et me demander pourquoi ces criminels sont devenus des références à épouser.
Puis je suis tombé sur ce monologue du personnage de Simon Weynachter joué par Vincent Lindon dans la série « d’argent et de sang ». Je me suis dit qu’il était compliqué de faire plus clair et plus percutant sur ce qui ne va pas dans nos systèmes et à quel point nous sommes dans un échec collectif où chacun a sa part de responsabilité… Ce texte a valeur de constat. Et nous devons toujours partir d’un constat pour évoluer.
- J'en veux à tous ces technocrates qui ont créé des droits pollués sans aucun contrôle.
- Ils ne pouvaient pas se douter que des escrocs allaient leur tomber dessus, non ?
- Mais dans quel monde ils vivent ?
- J'en veux à ces escrocs qui se foutent de détourner l'argent des citoyens pour acheter des Porsche jaunes et des blousons grotesques. Mais il vous faut combien de voitures, de montres, combien de yachts ?
- Ça sert à quoi tout ça ?
- J'en veux à tous ces avocats véreux dans leurs petits costumes Dior qui font durer les procédures en prenant quoi ? 1000 euros de l'heure ?
- Eux aussi vivent de l'argent du crime et des fraudeurs, les fiscalistes, les pénalistes, les défenseurs du droit d'arnaquer les autres.
- J'en veux à la justice de mettre dix ans à traiter ses dossiers financiers.
- Pour distribuer quoi ?
- Des peines qui font marrer les escrocs du monde entier ?
- J'en veux aussi à l'administration, à ses millions de lois, de décrets, d'alinéas, de labyrinthes infernaux de textes qui font de l'État de droit un paradis pour les fraudeurs.
- J'en veux au gouvernement de laisser le monde et les grandes entreprises faire de l'optimisation fiscale, en Irlande ou au Panama. Et tout ça avec la bénédiction de nos politiques.
- Pourquoi on devrait accepter que des boites qui gagnent des milliards ici et ne paient pas leurs impôts ? Pourquoi ? En quel honneur ? C'est eux ou le peuple qui décide ?
- C'est à eux de donner l'exemple.
- Et puis j'en veux aussi à ces flics corrompues, qui copinent avec des gangsters véreux sous prétexte que c'est comme ça que ça marche pour avoir des infos. Grands flics pourris qui se la jouent cadors avec leurs petites jeans serrées et qui trahissent la société en acceptant des cadeaux, des enveloppes, des bijoux, du cash, des voitures.
- J'en veux à tous ces financiers, traders, brokers, loups de Wall Street à la con là, qui brassent des milliards en se prenant pour des petits génies.
- Mais ils servent à quoi vos milliards ? À construire des écoles peut-être ? Des hôpitaux ?
- Allez raconter ça à tous les pauvres gens que vous avez dépouillés et qui ont perdu leur maison à cause de vos subprimes à la con là.
- Ils en ont eux des parachutes dorés ? Tu parles… Rien du tout...
- J'en veux à toutes ces banques qui acceptent de l'argent sale en protégeant l'anonymat des fraudeurs, des trafiquants et des terroristes.
- Et tiens, j'en veux à Tony Montana aussi. Heat, Don Corleone. Tous les affranchis qui font croire aux gamins que c'est classe ta gangster…
Gaël Clouzard