#Créativité

Sator : la plateforme MOOC qui vous prépare, avec discernement, au monde qui vient…

Sator : la plateforme MOOC qui vous prépare, avec discernement, au monde qui vient…

Mayday, mayday, alerte cocorico. On répète : alerte cocorico. Sur la ligne de crête du savoir académique en ligne, celle de notre coq se dresse fièrement grâce à Sator, nouveau venu dans le paysage des Mooc au service de la Transition et de la prospective.

Celui qui sème : la définition latine de Sator résume l’ambition de cette toute nouvelle plateforme académique online innovante. Contre les enfermements binaires de l’information et de savoir, ce planteur des graines de la connaissance veut casser la communautarisation du savoir. Tout un programme. Lancée le mois dernier, cette université populaire d’excellence 2.0 dédiée aux grands enjeux du monde permet à chaque élève, après avoir terminé un cursus thématique de 10h constitué  d’épisodes de 30 minutes, de recevoir un diplôme nominal. Puis d’accéder à un réseau social intégré à la plateforme, où il peut faire vivre le sujet avec des pairs passionnés, échanger avec le professeur, organiser des événements…

Mais la valeur de Sator dépasse cette nouveauté conceptuelle. Sa mission a attiré notre attention  : rassembler les meilleurs connaisseurs de leurs domaines pour leur faire réaliser de grands cours vidéo d’une dizaine d’heures sur des sujets fondamentaux de la compréhension du monde, de la transition écologique et de la compréhension de soi.  La promesse de mélanger « des standards esthétiques dignes d’une plateforme de streaming » avec une pédagogie novatrice basée sur l’articulation du savoir froid (scientifique, universitaire) et du savoir chaud (vécu, anecdotique) a donné envie à Goodd d’en savoir plus sur Sator. 

Entretien avec Pierre Gilbert co-fondateur avec Jérémy Giraud et il est membre fondateur de l’institut Rousseau (https://www.sator.fr).

 

 « Produire des connaissances opérationnelles, utiles, et qui ne seront pas obsolètes avant un certain temps »  

 

goodd : tout d’abord, pourquoi créer Sator alors que les plateformes académiques en ligne autour des sujets de la Transition, du Vivant et du développement personnel ne manquent pas ?

Pierre Gilbert : Sator est née d’un triple constat : premièrement, il n’y a jamais eu autant de volonté d’accéder à la connaissance en autodidacte, pour comprendre un monde de plus en plus complexe. YouTube a notamment permis l’essor d’une galaxie de youtubeurs/podcasteurs de haut niveau sur leurs sujets, et de formats assez longs qui cartonnent, type Thinkerview. Cependant, il n’existe pas de formats assez longs pour permettre de creuser un sujet à hauteur d’un livre, de manière structurée, et de devenir semi-expert d’un sujet en une fois. Deuxièmement, les gens ont de moins en moins l’énergie de lire des essais, malgré leur profusion croissante. D’où l’idée de ce format Mooc à la Netflix, qui peut aussi s’écouter, mais qui offre autant d’espace qu’un livre. Troisièmement, la qualité des Mooc disponibles est très variable, souvent sans profondeur esthétique et sans innovation pédagogique. En somme, un cours de fac filmé. Il était temps de transformer cette expérience.

goodd : mais Sator est-il un outil de prospective au service de la visualisation du monde de demain ou bien un outil pédagogique de juste compréhension des mutations du monde actuel ?

P.G : les deux. Nous définissons des sujets essentiels à la construction du monde qui vient et ciblons des professeurs que nous trouvons avant-gardistes. Par exemple, nous proposons pêle-mêle un cours sur l’art de la stratégie, avec le général Vincent Desportes, qui offre les outils du leader stratège pour mieux déployer sa vision dans un monde qui change. Il y a aussi un cours sur le génie des champignons, par le mycologue Guillaume Lopez, qui montre comment le règne fongique nous permet d’envisager l’économie bio inspirée de demain. Sur leurs 10h de cours, nos professeurs parlent d’Histoire, de présent et de prospective, selon une approche holistique assez stimulante. Il s’agit de produire des connaissances opérationnelles, utiles, et qui ne seront pas obsolètes avant un certain temps !  

 

"On essaye ainsi de casser les effets bulles, la communautarisation du savoir"


goodd : nous trompons-nous si nous disons que ce qui différencie Sator réside dans le fait de s'adresser autant à l'intrapreneur qui veut se former qu'à Monsieur tout le monde en quête de réponses, qu'à un fonctionnaire territorial ; ou qu’à un élu dans le besoin de connaissances théoriques et pratiques ?

P.G : nos cours s’adressent en effet à tous, du néophyte jusqu’au quasi-expert d’un sujet. Nous ne sommes pas en concurrence avec des producteurs de contenus ciblés, comme par exemple sur la transition écologique. Nous avons juste choisi une approche différente. Nous observons que les gens sont enfermés dans leurs sujets d’intérêt par les algorithmes des réseaux sociaux. Cela crée des bulles sociologiques somme toute assez homogènes, et c’est le problème principal de l’écologie aujourd’hui en France. Nous croyons que les plateformes ou cursus spécifiques attirent un public déjà intéressé. Nous prenons plutôt le parti d’offrir une palette de sujets complémentaires mais vastes, dont chaque thème attire un public spécifique mais sur un espace commun, où la tentation de se former sur un autre sujet sera grande. On essaye ainsi de casser les effets bulles, la communautarisation du savoir.

 

goodd : comment assumer d’être apartisan  et apolitique sans prendre le risque de ne pas servir le nouvel imaginaire écologique et social de la Transition ?

P.G : nous sommes évidemment apartisans, mais nos professeurs sont libres de proposer leur vision des choses. Nous ne sommes pas des ayatollahs de la neutralité axiologique, car elle n’existe pas, et c’est tant mieux. Nous pensons que nos concitoyens sont des personnes matures qui savent faire la part des choses. Nos professeurs sont souvent sélectionnés sur des critères relatifs à leur capacité à proposer de nouveaux imaginaires, ce qui rejoint pour nous le côté « avant-gardiste ». En matière de transition écologique, ce n’est pas pour nous être partisan que de proposer une bifurcation profonde. C’est simplement faire preuve de bon sens devant des données scientifiques radicales.

 

 

Pour info : 
Une trentaine de nouveaux cours sont en préparation, dont Démocratie et Ecologie ; Les neurosciences au quotidien ; Réussir la transition énergétique ; Les limites planétaires,

Actuellement disponibles : 
L’art de la Stratégie – Vincent Desportes – 9h30
Le génie des champignons – Guillaume Lopez – 9h30
L’essence du droit – François Ost – 9h
Comprendre les institutions – Benjamin Morel – 10h
Destination sommeil – Mireille Barreau – 10h