Si vous voulez une bonne nouvelle du front contre le Réchauffement Climatique, c’est sa structuration. Et cela passe par de nouvelles organisations qui comptent bien réunir les forces vives de l’écologie moderne. La Climate House représente cette nouvelle génération de combattants pour le climat. Elle est basée en plein centre de Paris, elle vient d’ouvrir ses portes et forcément, GOODD a voulu en savoir plus...
Par Benjamin Adler
ODD N°13 : mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques
2000 m2 sur 6 étages, 80 entrepreneurs cofondateurs du projet, à parité égale et représentatifs, 200 colocataires qui habitent le lieu au quotidien, 150 événements prévus tout au long de l'année 2025 (conférences, des ateliers, des formations) : en chiffre, la Climate House pose les ambitions. « C’est en milliers qu’on espère compter dans quelques années le nombre de rencontres, de liens tissés, de projets de coopération créés, de modèles repensés », assène même Lucie Basch, présidente d’une Maison encore trop jeune pour être modèle mais déjà pionnière.
Pour mieux connaître la Maison qui intrigue, GOODD a échangé avec la co-fondatrice de To Good To Go.
GOODD : la Climate House n'est sûrement pas née par hasard, mais d'un besoin. Le modèle et l'offre de la CH sont-ils uniquement la réponse à ce besoin ou vont-ils plus loin ?
Lucie Basch : il nous est apparu évident et nécessaire de créer un lieu physique pour rassembler une communauté d’acteurs — entreprises, associations, activistes, scientifiques, artistes — afin de façonner ensemble l’économie de demain.
Pour y parvenir, nous avons trois grands projets prioritaires :
GOODD : il manque dans les grandes et moyennes villes en France des "Maisons de la Transition", des espaces physiques qui rassemblent les acteurs associatifs, entrepreneuriaux et publics pour stimuler, accélérer et coopérer. Est-ce que la CH a vocation à combler ce manque en inspirant des petites sœurs dans d'autres villes que Paris ?
LB : quand on parle du plus grand défi de notre époque, on est tous dans la même équipe, et on a beaucoup à apprendre les uns des autres, à s'inspirer des bonnes pratiques, des initiatives ingénieuses et de bon sens. Avant d'ouvrir les portes de la Climate House, on a beaucoup échangé avec d'autres lieux pour comprendre leurs défis -- tels que l'Académie du Climat à Paris ou encore le Moho à Caen, et voir comment notre Maison peut, à son tour, enrichir cette transition complexe mais vitale.
Moi je rêve d'un monde où tous les nouveaux lieux qui ouvriront à Paris, à Marseille, à Lyon et dans nos territoires ruraux soient résolument tournés vers la transformation écologique et sociale. J'espère que la Climate House sera la première d'une longue série.
« À la Climate House, c’est le croisement des mondes : vous pourrez échanger avec des chercheurs, des associations, des entrepreneurs, des cabinets de conseil, des fonds d’investissement, des grands groupes, des TPE… »
GOODD : pourquoi un nom anglais et pourquoi le mot Climat et pas un autre?
LB : notre enjeu est de réconcilier l’économie et l’écologie, ces deux terminologies viennent du même mot. Du grec oikos : la Maison.. Le mot économie désigne l'Art de gérer sa maisonnée. Pour réconcilier les deux : bienvenue à la maison !
Concernant le choix de "climate", on a voulu un terme qui parle à tout le monde pour embarquer un maximum de gens. Le climat c’est la porte d’entrée incontestable, mais on a l’ambition d’aller bien au-delà du climat au sens propre, en parlant de biodiversité, d'écosystème, des humains.
On a choisi l’anglais car on sait que notre sujet dépasse les frontières et qu’une grande majorité des experts et des espaces de transition se font en anglais. On a besoin de créer des ponts avec tout le monde.
GOODD : entre les FabLab, les tiers lieux et les espaces co-working où se situe la CH, notamment par son public ciblé ?
LB : la Climate House a pour ambition de mettre toute l’économie au service de la transition écologique et sociale. Concrètement, cela signifie que nous accueillons, au sein du lieu, toutes les organisations, petites ou grandes, à différents niveaux de maturité dans leur transformation, prêtes à s’engager sincèrement dans la transition. L’idée est de créer des ponts entre des types d’acteurs qui n’ont pas l’habitude de se parler ou de travailler ensemble, et qui peuvent partager la même conviction tout en ayant des approches différentes dans l’exécution.
À la Climate House, c’est le croisement des mondes : vous pourrez échanger avec des chercheurs, des associations, des entrepreneurs, des cabinets de conseil, des fonds d’investissement, des grands groupes, des TPE… C’est ça qui fait la singularité de notre lieu : la Climate House est bien plus qu’un espace de bureau partagé. C’est une communauté d’acteurs divers qui font vivre la maison et unissent leurs forces (et leurs différences) pour construire une transition plus juste et respectueuse du vivant.
GOODD : quel nouveau récit la CH veut raconter et quelle est son ambition/ rêve pour que 2030 soit glorieuse?
LB : on tient vraiment à ce que la Climate House soit un puissant véhicule pour raconter de nouveaux récits, des imaginaires désirables qui nous donnent tous envie de s'embarquer dans la transition avec joie. Cela peut paraître utopique, mais on sait que le déclic a bien plus de chances de s’opérer si l’on propose des projections positives, montrant que c’est possible et que la transition ne rime pas uniquement avec contrainte. Le narratif actuel n'est pas le bon : il nous mine, voire nous paralyse, et freine le désir d’agir. Je suis convaincue que la culture peut jouer un rôle clé dans la construction de ces nouvelles projections.
Je pense à des artistes inspirants, comme l’écrivain Jean-Pierre Goux, dont l’ONG One Home a pour mission de faire découvrir l'Overview Effect à des millions de personnes. Grâce à des images uniques de la Terre prises à un million de kilomètres de distance par la NASA et normalement réservées aux astronautes, l’objectif est de faire réaliser à chacun que nous vivons sur une planète merveilleuse et que nous partageons tous une maison. J'ai également découvert récemment un jeune artiste de 11 ans, César, qui rappe pour le climat et nous montre le monde dans lequel il souhaite vivre sereinement.
En France, nous avons la chance de posséder un patrimoine culturel phénoménal, une formidable caisse de résonance pour faire avancer le sujet de la transition. Il faut absolument l’utiliser à bon escient.
Benjamin Adler