#Créativité

Est-ce qu’on peut enfin mettre un pull à paillettes pour parler d’écologie ?

Goodd a décidé de vous ouvrir les coulisses de sa rédaction et de ses échanges. L’idée est de vous montrer comment on construit un papier, quel angle on utilise et comment on fait passer nos convictions au travers d’un journalisme de solution sans pour autant verser dans le militantisme. Bonne lecture !

 

Mardi 18 octobre 17H20
 

Red chef : 
Sinon, j’ai vu passer ça. C’est assez fou. C’est un artiste qui s’appelle David Bowen. Il a mis des capteurs sensoriels sur une plante qu’il a reliés à un bras articulé au bout duquel tu as une machette. Du coup, c’est un peu comme si la plante était le cerveau du robot. Et tu vois comment l’activité de la plante fait bouger la machette. 

 

Journaliste : 
Ah ok, cool. 

 

Red chef :
L’idée est intéressante. Dis-moi ce que tu en penses.
 

Journaliste : 
Vas-y, montre ! 

 

Elle regarde. 

Mais c’est pas possible de faire une vidéo aussi pourrie. Même l’installation est cheap. Y’a des câbles partout, le décor est à pleurer, et y’a même pas de musique. Sérieux, un effort quand même. La symbolique du message est très forte mais qui va regarder et faire tourner avec une mise en scène aussi mauvaise ?

 

Red chef :
C’est l’idée qui est super. C’est une allégorie de comment le vivant pourrait se défendre contre toutes les attaques humaines. Le style de la vidéo est-il vraiment si important ?

 

Journaliste :
Mais si, c’est ça l’important justement ! Et encore plus si l’idée est super. On est en 2022, dans un monde où l’image prévaut sur tout. Et quand je dis l’image, je veux dire la mise en scène de l’image, c’est-à-dire comment tu racontes l’histoire. Si tu ne sais pas raconter l’histoire, tu peux avoir la meilleure idée du monde, personne ne va t’écouter, ni même t’entendre en fait. 
Donc quand tu as Kim Kardashian en face de toi, qui te raconte n’importe quoi, mais qui manipule l’image comme personne pour vendre de la merde, tu dois t’adapter. C’est pas juste « ce serait pas mal de faire de la bonne image », c’est un p… de devoir ! Et surtout quand tu veux défendre la cause écologique. 

 

Red chef : 
Oui enfin, c’est pas avec des paillettes que tu vas défendre la cause écolo. 

 

Journaliste :
Mais si justement ! Il serait temps d’apprendre à raconter une histoire qui donne envie, qui brille et qui fait rêver ! Un imaginaire qui diffère de celui qu’on essaie de nous imposer. La forme n’a jamais été aussi importante. Il est temps d’arrêter de croire qu’il suffit d’avoir des idées justes et morales, ou prouvées scientifiquement pour être entendu. Il est temps d’arrêter cette condescendance élitiste qui consiste à croire que le fond est plus importante que la forme. C’est fini ça. Il faut se battre avec les mêmes armes. Y’en a marre des sarouels, des pulls en laine tricotés par mamie pour être crédible quand tu défends la planète. Il est temps de mettre des pulls à paillettes, des talons aiguilles et de faire un peu rêver les gens. C’est pas incompatible. 
 

Red chef :
Ouais, enfin, c’est un peu bling-bling comme argument…
 

Journaliste :
Aahhh ! Et donc ? T’as raison, restons dans un entre-soi de militants écolos et anxieux, comme ça, on laisse les Instagrameuses surmaquillées continuer de prôner la surconsommation et l’hyper capitalisme. Ne prenons surtout pas cette place-là, de peur de nous abaisser à donner de l’importance à l’apparence. Continuons de convaincre avec juste des idées pleines de bons sentiments. Ça finira par payer un jour. Et comme on a grave le temps, c’est cool. Il ne suffit pas d’être persuadé que l’on va gagner parce que l’on a raison. Il faut continuer de se battre et faire évoluer les méthodes.

 

Red chef :
Ça va, ça va. J’ai compris. Et je suis d’accord avec toi. 
 

Journaliste : 
Voilà, donc moi je veux bien te faire le papier sur ce David Bowen, sa plante et sa machette, mais sous cet angle-là, on fait encore plus passer notre message. Faut juste que je trouve une manière originale de l’écrire. 

 

Red chef :
Ok, je te fais confiance, tu as deux jours… 

 

 

Plant machete par l’artiste David Bowen

 

Cette installation permet à une plante vivante de contrôler une machette. La plant machete a un système de contrôle qui lit et utilise les bruits électriques trouvés dans un philodendron vivant. Le système utilise un microcontrôleur open source connecté à la plante pour lire différents signaux de résistance sur les feuilles de la plante.

À l’aide d’un logiciel personnalisé, ces signaux sont captés en temps réel sur les mouvements des articulations du robot industriel tenant une machette. De cette manière, les mouvements de la machette sont déterminés en fonction des alentours.  

Clairement, la plante est le cerveau du robot qui contrôle la machette et détermine comment elle se balance, frappe, tranche et interagit dans l’espace.

Écrit par

Goodd