Les baskets recyclables, durables et végétaliennes fabriquées à partir de déchets organiques dont les fruits et légumes commencent à faire leur petit bonhomme de chemin. Comme MoEa qui représente un nouvel imaginaire bien ancré dans la réalité. Goodd s’est penché sur cette marque française en devenir.
Par Eric Espinosa
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La première chose qui nous est venue en tête en découvrant MoEa c’est manger 5 baskets à base de fruits et légumes par jour. Ok c’est facile mais cela illustre bien le concept de la marque française dont les produits sont composés de déchets de fruits et légumes.
Quels fruits ?
Les baskets MoEa utilisent une doublure en bambou, du caoutchouc recyclé pour les semelles, des fibres de bois recyclées pour les semelles intérieures et du polyester recyclé pour les étiquettes. En plus de cela, l'entreprise a développé une manière innovante d'utiliser les déchets de fruits et légumes dans la construction du cuir végétalien utilisé dans les tiges : déchets de pommes issus de la fabrication des jus de fruits, des raisins, des feuilles d'ananas, du cactus, du maïs non comestible ou bien encore des champignons et de l’orange.
Pour stabiliser les déchets de biomasse, les fruits et les plantes sont mélangés à du coton biologique, du polyuréthane biologique ou du plastique recyclé, selon la plante. Le résultat est un matériau respirant, semblable au cuir, qui émet 95 % de carbone de moins que le cuir, selon FAIRLY MADE®, la première solution française de traçabilité et de mesure d'impact pour les marques de mode. Chaque chaussure, pour la petite touche esthétique, est également codée par couleur en fonction du type de matière végétale utilisée.
Visuel du site moea.io
Vegan is the next cuir
Effet de mode ou phénomène durable ? Le cuir ne fait plus l’unanimité auprès des consommateurs qui s’inquiètent de la quantité de pollution et de déchets générés. Désormais des alternatives existent comme MoEa. Sortie en 2011 sur Kickstarter pour lever des fonds participatifs, la jeune marque atteint son objectif de 10 000 euros les doigts dans le nez pour au final lever plus de 110 000 euros soit 700% de plus que son objectif initial. De quoi réconforter la stratégie de ses fondateurs.
Le choix d’une basket sans cuir et non recyclable n’est désormais plus une lubie d’initiés. Cette nouvelle génération de « sneakers » se déploie et devient de plus en plus accessible, autant dans le choix des marques et modèles que d’un prix, certes encore onéreux, mais qui tend à baisser face aux poids lourds du secteur comme Nike, Adidas et consorts, qui sont d’ailleurs en train de combler leur retard. Les nouveaux entrants ont désormais des fondations solides comme le précurseur Veja mais encore Umoja, Supergreen, Zeta, Ubac et bien d’autres. Dans un autre genre mais suivant la même philosophie, goodd avait abordé le sujet de cette nouvelle génération de baskets avec ER Soulier conçues avec des déchets marins.
Le marché des chaussures végétaliennes est en croissance permanente depuis 2021 et devrait en 2028 atteindre 7,15 % de parts de marché*. L'intérêt des consommateurs pour les produits respectueux de l'environnement, l'augmentation d’un mode de fabrication sans cruauté, associée à l'intérêt croissant des producteurs pour investir dans l'expansion, sont quelques-uns des principaux facteurs qui stimulent le marché des chaussures végétaliennes.
A cette vitesse d'appétence, dans peu de temps, on ne saura même plus que ces baskets neuves sont faites à base de fruits et légumes. Le pari sera donc gagné.