#Sciences Humaines

Découverte : les champignons vont-ils nous sauver la peau du réchauffement climatique ?

36% de nos émissions fossiles annuelles passent par les champignons ! Une découverte fondamentale qui vient d’être publiée et qui montre l’ampleur de notre méconnaissance du vivant. Le champignon est un allié aussi méconnu qu’important contre le dioxyde de carbone, et nous pouvons l’aider. Goodd ne pouvait passer à côté de cette information capitale !


Une nouvelle étude publiée sur la plateforme scientifique Current Biology et rassemblant des chercheurs britanniques et sud-africains, modélise pour la première fois la part du CO2 transféré chaque année des plantes au mycélium, dans l’ensemble des sols de la planète. Résultat : 13,12 gigatonnes de #co2 . Soit 36% des émissions issues de la combustion des énergies fossiles chaque année, plus que ce qu’émet la Chine. Une quantification inédite, et fondamentale !

 

Ce que nous savons et ce que nous ne savons pas…
Nous savons que plus de 85% des plantes bénéficient d’une symbiose mycorhizienne.

Nous savons également que les plantes échangent des sucres issus de la photosynthèse avec des minéraux, de l’eau et des molécules spécifiques avec les champignons.

Nous savons que ces derniers produisent des millions de kilomètres de filaments (appelés hyphes) dans chaque m2 de sol grâce à ce carbone, qui sert à fabriquer la chitine des parois. Une partie de celui-ci fossilise dans le sol quand l’hyphe est abandonné.

Nous savons aussi que le mycélium produit de la glomaline, une sorte de colle carbonée stable pendant des années, qui structure le sol et empêche l’érosion. Il est aussi le principal producteur d’argiles grâce à la « bombe à proton » qui peut extraire les minéraux des roches, et d’humus, via la dégradation de la lignine du bois. Les deux ingrédients du complexe argilo-humique, principal stock de #carbone dans les sols tempérés.

Nous savons que tout cela devait représenter un flux important. Maintenant, nous en avons un ordre de grandeur !

Ce que nous ne savons pas encore, c’est la part de ces 13 gigatonnes qui restent dans le sol d’une année sur l’autre sans être retransformées en CO2 par l’activité biologique. En gros, quelle part de flux se transforme en stock.

Illustration des mécanismes par lesquels les champignons mycorhiziens contribuent à gagner et à perdre du carbone dans le sol



Il reste des révolutions coperniciennes à opérer en sciences, en particulier sur le vivant. Il est si mal connu pour la simple et bonne raison qu’il est symbiotique : on ne peut pas vraiment comprendre une espèce sans comprendre ses interactions, son écosystème, et inversement. Or la méthode scientifique analytique classique isole, compartimente.

Le règne fongique est celui qui relie les autres règnes du vivant. Nous commençons à peine à le comprendre. Pourtant, nous infusons allègrement nos sols avec des millions de tonnes d’antifongique.

L’ONU et l’IPBES rappellent que 90% de nos sols pourraient être dégradés d’ici à 2050, sans parler des baisses de productivité pour l’#agriculture . Il faut absolument redensifier le maillage mycorhizien, c’est une clé du #géomimétisme.

 

 

 

Pour cela, il faut…

1) Arrêter les fongicides de synthèse et développer des substances actives très sélectives issues de molécules naturelles pour usage ciblé. 

2) Réintroduire la lignine en agriculture (le bois), à travers l’#agroforesterie. La lignine nourrit exclusivement le #champignon

3) Pratiquer l’hydrologie régénérative pour ré-augmenter le degré d’humidité des sols.

Si les champignons permettent de réduire l’intensité carbone et stabiliser le réchauffement climatique, faisons en sorte de privilégier la défense et le renforcement du champignon là où il peut être le plus utile…

 

© Visuel Benjamin Balazs 

Écrit par

Pierre Gilbert

ODD N°13 : Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques
ODD N°15 : Vie terrestre