Plus de 80% des habitats naturels européens sont en mauvais état. Pour remédier à cette aberration, la Commission Européenne a proposé un règlement sur la restauration de la nature. Sa mission est de réparer les dommages dans les zones terrestres et maritimes de l’UE. ET c’est un véritable schisme puisque l’Europe passe d’une doctrine de protection à celle d’une conservation de l’environnement. Goodd vous explique le pourquoi du comment et l’importance de ces mesures pour l’environnement et l’économie…
Par Eric Espinosa
ODD N°13 : Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques
ODD N°17 : Partenariats pour la réalisation des objectifs
Le nouveau texte fixe comme objectif de restaurer au moins 20% des terres et des mers de l’UE d’ici 2030 et l’ensemble des écosystèmes ayant besoin d’être restaurés d’ici 2050.
La nouvelle législation européenne sur la restauration de la nature, approuvée par les États membres, permettra de restaurer les écosystèmes dégradés dans tous les pays de l’UE, de contribuer à la réalisation des objectifs de l’UE en matière de climat et de biodiversité et d’améliorer la sécurité alimentaire. Et ça c’est ambitieux !
Les États membres doivent restaurer au moins 30% des habitats concernés par la nouvelle législation (forêts, prairies, zones humides, rivières, lacs et fonds coralliens) pour remettre en bon état d’ici 2030 ceux qui sont en mauvais état, puis 60% d’ici 2040 et 90% d’ici 2050. Conformément à la position du Parlement, les pays de l’UE devraient donner la priorité aux zones Natura 2000 jusqu’en 2030. Une fois qu’une zone est remise en bon état, les pays de l’UE veillent à ce qu’elle ne se détériore pas de manière conséquente. Les États devront également adopter des plans nationaux de restauration qui détaillent la manière dont ils entendent atteindre ces objectifs.
Pour le rapporteur de la Commission César Luena ce règlement est une véritable avancée : "Aujourd’hui est un jour important pour l’Europe, car nous passons de la protection et de la conservation de la nature à sa restauration. La nouvelle législation nous aidera également à remplir bon nombre de nos engagements internationaux en matière d’environnement ».
Les pays de l’UE doivent restaurer au moins 30% des habitats en mauvais état d’ici 2030, 60% d’ici 2040 et 90% d’ici 2050
Écosystèmes agricoles
Pour améliorer la biodiversité dans les écosystèmes agricoles, les pays de l’UE devront progresser dans deux des trois indicateurs suivants : l’indice des papillons de prairies ; la part des terres agricoles présentant des particularités topographiques à haute diversité ; le stock de carbone organique dans le sol minéral des terres cultivées. Les pays devront également prendre des mesures visant à augmenter l’indice des oiseaux communs des milieux agricoles, car les oiseaux sont de bons indicateurs de l’état général de la biodiversité. « Le règlement restaurera les écosystèmes dégradés tout en respectant le secteur agricole en donnant de la flexibilité aux États membres. Je tiens à remercier les scientifiques d’avoir fourni les preuves scientifiques et d’avoir lutté contre le déni climatique, ainsi que les jeunes de nous avoir rappelé qu’il n’y a ni planète B ni plan B. » précise César Luena
La restauration des tourbières drainées étant l’un des moyens les plus rentables de réduire les émissions dans le secteur agricole, les pays de l’UE doivent restaurer d’ici 2030 au moins 30% des tourbières drainées (dont au moins un quart doit être remis en eau), 40% d’ici 2040 et 50% d’ici 2050 (dont au moins un tiers doit être remis en eau). La remise en eau restera facultative pour les agriculteurs et les propriétaires privés.
Autres écosystèmes
Le règlement exige également une évolution positive de plusieurs indicateurs des écosystèmes forestiers et la plantation de trois milliards d’arbres supplémentaires. Les États membres devront en outre restaurer au moins 25 000 km de cours d’eau à courant libre et veiller à éviter toute perte nette de la superficie nationale totale des espaces verts urbains et du couvert arboré urbain. N’ayons pas peur des mots, l’ambition du Parlement Européen est affirmé au travers de ce règlement. Maintenant les États doivent faire en sorte de ne pas se contenter du déclaratif mais amplifier leur passage à l’action pour répondre, comme le disait le rapporteur, à la conservation et non à la protection de l’environnement. C’est un changement majeur d’état d’esprit.
Par Eric Espinosa
© Visuel : Martine Sanchez