Vous marchez dans la rue. Il y a un arbre. Puis deux. Vous passez devant chaque jour. Vous n’y prêtez même plus attention. Et pourtant, il donne des poires. Ou des figues. Ou des kakis. Des kakis, sérieusement. Et vous ne les touchez pas. Pourquoi ? Parce que dans nos têtes bien rangées, la bouffe vient du supermarché. Pas d’un trottoir. Et il est temps de rappeler que Falling Fruit existe et qu’un monde ne demande qu’à être ramassé…
Par Eric Espinosa
ODD N°2 : Faim zéro
ODD N°11 : Villes et communautés durables
Falling Fruit, une carte participative née en 2013 aux États-Unis n’a jamais été autant d’actualité. Elle recense plus d’un million d’endroits dans le monde où des fruits, des noix, des plantes comestibles — bref, de quoi sustenter ton âme de cueilleur urbain — poussent à portée de main. Littéralement. C’est une cartographie planétaire de l’abondance négligée.
Des pommiers à Paris, des mûriers à Montréal, des avocatiers à Los Angeles. Parcs publics, bords de route, terrains vagues… tout y passe. Chacun peut ajouter des spots, signaler une plante ou partager une trouvaille. C’est Google Maps version Robin des Bois.
Des chasseurs cueilleurs à mi-temps
Derrière l’apparente naïveté de la cueillette urbaine, qui a vraiment pris son envol en 2016, se cache un projet bien plus politique : lutter contre le gaspillage, revendiquer l’accès libre aux ressources, et foutre un joyeux bazar dans nos habitudes alimentaires standardisées. Et ce n’est pas la seule initiative du genre. D’autres plateformes comme Fruitmap, Falling Fruit France ou Mundraub en Allemagne participent elles aussi à cette reconquête douce de nos villes comestibles.
Mais attention : pas de pillage sauvage. La plateforme encourage la cueillette responsable, la connaissance des plantes, et un usage éthique des données. Tu ramasses ? Tu partages. Tu sais ce que c’est ? Tu étiquettes. Tu ne sais pas ? Tu demandes. Simple. Humble. Beau.
Et puis franchement : il y a quelque chose de profondément réjouissant à croquer dans une prune tombée du ciel (ou d’une branche) sans avoir sorti sa carte bleue. Un petit acte de résistance sucrée contre le monde en plastique.
Alors la prochaine fois que tu lèves les yeux, regarde bien : il y a peut-être un arbre fruitier au-dessus de ta tête. Un monde à butiner sous tes pieds et cela ne coûte rien de goûter aux fruits non-défendus…