#Sciences Humaines

La transmission au féminin est une priorité absolue pour notre avenir

Une génération entière est en train d’arriver au crépuscule de sa vie professionnelle et entrepreneuriale. Il va falloir passer le flambeau et une récente étude initiée par le Transmission Lab, un organisme d’intérêt général pensé comme un incubateur, révèle une passation de pouvoir et de compétences plus positive lorsqu’elle est menée par des femmes et non des hommes.

 

Par Gaël Clouzard

ODD N°5 : égalité entre les sexes
ODD N°16 : paix, justice et institutions efficaces

 

La transmission d’une entreprise, de ses compétences, de sa vision et de son histoire se décline sous de nombreuses facettes et les notions de préservation et d’évolution sont au cœur d’une passation. Aujourd’hui encore, la majorité des transmissions d’entreprises est l’affaire des hommes dépassant les 60 ans. Il est donc difficile d’ignorer un biais de genre dans une succession d’entreprises.

L’étude «  Transmission au féminin » réalisée par le Transmission Lab* estime que la transmission au féminin est une priorité pour la France. Et le constat est simple : notre tissu économique vit une fin de cycle démographique. Un dirigeant de PME et d’ETI sur quatre à plus de 60 ans. Une PME et ETI sur deux va se retrouver, dans les prochaines années, dans une passation de pouvoirs et de savoir. C’est 3 fois plus qu’au cours de la dernière décennie.

 

Elles transmettent vs ils transmettent

Les femmes se focalisent sur le savoir-faire, les valeurs et la notion d’équipe. Alors que les hommes sont dans la vision stratégique et la logique de croissance (6% vs 20% pour les hommes). L’histoire du patriarcat continue de bien siloter l’action des deux sexes que l’on pourrait associer à “les hommes décident” et “les femmes agissent”. Les choses changent mais il y a encore des mauvais restes…

Une donnée très intéressante repose aussi sur une transmission choisie et non subie par les femmes. 23% sont concernées par la contrainte (âge, santé, endettement ) contre 58% pour les hommes. Un tiers des répondantes envisagent un nouveau projet qu’il soit personnel ou au sein de son entreprise. C’est 8% de plus que la gente masculine qui plafonne à 23%.

La performance, l’innovation et la modernisation sont les fers de lance d’une succession féminine. Une vision progressiste qui fait écho à un ancrage plus conservateur initié par les hommes où la poursuite de la stratégie actuelle est de mise.

 

 

Le successeur doit être engagé !

Plus que jamais, l’engagement est devenu un sujet incontournable de la vie des entreprises. Les organisations se doivent de faire accélérer la transition sociale et environnementale, et cela passe par l’engagement des dirigeants et des dirigeantes mobilisés pour une  transition sociale et environnementale permettant de penser le monde et ainsi poser une vision. Les femmes dirigeantes sont dans une dynamique plus ouverte. Elles laissent davantage la possibilité de s’exprimer et s’épanouir dans leurs décisions alors que les hommes recherchent des « mini-moi » et donc le prolongement de ceux qu’ils sont.

 

Une vision ouverte vs une vision fataliste

Dans la grande période d’évolution des mœurs que nous connaissons en Occident depuis une cinquantaine d’années, les rôles masculin et féminin ont considérablement changé. Tout d’abord sous la pression des mouvements féministes. Puis par l’évolution de la société aujourd’hui à forte dominance des valeurs féminines qui sont celles de l’écoute, de l’empathie et d’une meilleure prise en considération du vécu individuel. La domination masculine (Bourdieu) s’est fortement atténuée, permettant aux femmes d’avoir une existence sociale à part entière. Tout n’est pas parfait mais l’Occident, malgré des coups d’arrêts, continue d’avancer.

Ces changements profonds permettent de mettre sur le devant de la scène une idée de transmission comme une nouvelle vie et un focus sur la préparation humaine. C’est une nouvelle donne comparée aux hommes qui vivent cela comme la fin d’une vie et surtout la douleur et la nostalgie de devoir préparer la suite.

 

Des femmes plus ouvertes au partage

Elle voit plus grand car elles anticipent et développent des projets personnels au-delà de leur mission de transmettre l'entreprise qu’elles dirigent. L’étude démontre aussi une aptitude à être plus positive. Elles accompagnent plus facilement et laissent la relève s’exprimer et innover. Moins soucieuses du clonage et du contrôle, elles ont le potentiel de transmettre plus tôt, plus facilement, plus librement et dans de meilleures conditions.

La transmission doit être une vraie philosophie qui permet de conserver cet esprit d’excellence qui nous qualifie. Et demain les femmes seront au cœur de la préservation de l’esprit à la française tout en permettant d’évoluer et gommer nos imperfections. On a hâte.

Écrit par

Par Gaël Clouzard

*Transmission Lab est un organisme d’intérêt général conçu comme un véritable « incubateur de transmission » afin de favoriser la prise de conscience chez les chefs d’entreprise/créateurs, d’anticiper la transmission, d’aider les dirigeants à penser au mieux les choix de transmission associés et leur offrir ainsi informations, références, lieux de réflexion, occasions de partage

L'enquête a été réalisée en partenariat avec la Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur , le réseau FCE (Femmes chefs d’entreprises) et le CJD (Centre des jeunes dirigeants d’entreprise) Rhône-Alpes auprès de 144 femmes et 123 hommes dirigeants.