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Privé vs Public : Qui contrôle l’Intelligence Artificielle contrôle le futur

Privé vs Public : Qui contrôle l’Intelligence Artificielle contrôle le futur

Les IA les plus puissantes au monde sont aujourd’hui entre les mains d’un petit nombre d’acteurs privés. Cette concentration pose un risque démocratique majeur : influence invisible, dépendance technologique, pouvoir sans contrôle ainsi que des  nouveaux récits contrôlés et privatisés. `Pourtant, une IA publique est possible — à condition d’avoir le courage politique de la construire. Certaines organisations comme la fondation allemande Bertelsmann Stiftung se sont posées sur le sujet et goodd s’en fait le relais…

ODDN°16 : paix, justice et institutions efficaces

 

Les systèmes d’intelligence artificielle les plus puissants de notre époque ne sont ni neutres ni partagés. Ils sont entre les mains d’un cercle restreint d’entreprises privées – OpenAI, Google DeepMind, Meta, Anthropic, DeepSeek… Cela fait partie de la base des connaissances que l’on doit avoir sur le sujet. Ces acteurs ne se contentent pas de concevoir les modèles : ils contrôlent l’infrastructure, les données, le cloud, le calcul. Bref, ils détiennent les clés du XXIe siècle. Mais doit-on leur laisser les clefs ? 

Ce monopole n’est pas seulement un fait technologique. C’est un déséquilibre politique et sociétal majeur. Car la question cruciale n’est plus comment fonctionne l’IA, mais bien : qui la contrôle ? Qui décide ce que ces machines apprennent, disent, censurent ou recommandent ? 

 

Une alternative est possible : l’IA publique

Pour briser cette dépendance structurelle, la fondation allemande Bertelsmann Stiftung, avec le soutien d’Open Future, propose un cadre stratégique ambitieux : bâtir une IA publique. Une IA construite sur la transparence, le bien commun, la souveraineté technologique. 

Ce n’est pas un rejet de l’innovation privée, c’est un rééquilibrage vital indique l’ouvrage qui analyse et donne des solutions pour ne pas uniquement dépendre de l’IA privée. Les sociétés démocratiques ne peuvent pas se contenter d’utiliser l’IA. Elles doivent participer activement à sa conception, son contrôle et son orientation rajoute le livre blanc. L’IA doit être non seulement sûre pour le public, mais aussi co-construite, gouvernée et auditée par lui.

 

Un cap : garantir un modèle open source à la hauteur des géants

L’objectif : assurer l’existence durable d’un modèle open source complet, aussi performant que ceux des grands acteurs privés. Sans cela, les institutions publiques resteront dépendantes, aveugles, vulnérables.

Trois leviers d’action prioritaires :

  1. Développer et renforcer les modèles open source, et tout l’écosystème autour.
     
  2. Créer une infrastructure informatique publique pour soutenir ces modèles.
     
  3. Investir massivement dans les compétences IA et attirer les talents là où ils comptent : dans l’intérêt général.

 

Une stratégie sur toute la chaîne de valeur

On veut des solutions ! Le livre blanc identifie trois axes d’intervention prioritaires pour bâtir une intelligence artificielle réellement publique. Le premier concerne le calcul : il s’agit de développer des capacités de calcul publiques et accessibles, coordonnées à l’échelle européenne, notamment à travers des initiatives comme les EU AI Factories.

Le deuxième axe porte sur les données : produire des ensembles de données de qualité, gouvernés comme des biens communs, protégés contre les usages abusifs et gérés dans une logique d’intérêt général. Enfin, le troisième volet concerne les modèles eux-mêmes : il est essentiel de soutenir un écosystème de modèles open source, qu’ils soient puissants et généralistes ou spécialisés et plus légers, en garantissant un financement public stable et à long terme.

Mesurer ce qui compte vraiment : l’utilité publique

Pour guider les politiques, un outil inédit est proposé : le Gradient of Publicness. Il permet d’évaluer toute initiative IA selon trois critères : niveau d’ouverture, gouvernance, et utilité sociale. Ce cadre aide à orienter les investissements vers les projets réellement au service du public.

L’IA publique : une ambition à portée de main

L’IA ne doit pas devenir une boîte noire privée dictant le futur. Elle doit rester un outil au service du collectif, gouverné par des valeurs démocratiques, et non par des intérêts de marché.

Ce combat ne se gagnera pas tout seul. Il exige des choix courageux, des alliances politiques et des investissements massifs. Mais il porte en lui une promesse : reprendre le contrôle technologique et redonner à l’IA sa vraie finalité – servir l’humanité.

 

Pourquoi l’IA doit devenir un bien public

Conçues par des entreprises privées, les IA d’aujourd’hui répondent à des logiques de profit, de domination technologique et de captation des données. Elles servent des intérêts commerciaux, rarement l’intérêt général. Une IA publique offrirait une alternative : sans publicité, transparente, inclusive, alignée sur les droits fondamentaux.

C’est aussi une question de pouvoir. Aujourd’hui, quelques géants contrôlent les modèles, les données et l’infrastructure. Cette concentration inédite leur donne un levier immense sur notre imaginaire, notre accès au savoir, nos décisions collectives. L’IA publique, comme l’école ou la santé publique, réintroduirait un équilibre démocratique.

Enfin, c’est un enjeu de souveraineté cognitive. Les IA orientent les récits, les émotions, les débats. Dans un monde polarisé, confier cette puissance à des intérêts privés, c’est ouvrir la porte à la manipulation de masse. Une IA publique peut devenir un rempart – à condition d’être indépendante, éthique, et gouvernée collectivement. Voilà ! Maintenant on relève les manches et c’est parti !